Qui n’a pas souvenir de paroles désobligeantes reçues un jour de la part de l’un de ses professeurs ? Ces remarques que l’on pourrait croire anodines mais dont le simple fait qu’elles aient laissé une trace dans nos mémoires prouve qu’elles ne sont pas si anecdotiques que ça ! Ces paroles s’avèrent parfois comme une sentence qui tombe sur ce que l’on n’est, « élève nul en maths » ; confondant ce que l’on est avec ce que l’on peut faire, comme en témoigne Max…
« Le collège. Après deux années passées sans encombre – je suis à l’aise dans toutes les matières – je m’apprête à rentrer en 4ème. Si j’ai déjà une préférence pour l’histoire et les matières plus littéraires, je me débrouille plutôt bien et réagis assez vite en mathématiques, que je trouve assez simples. Ma prof de maths de 5ème, Mme G. écrit sur mes bulletins que je suis bon élève et que je dois continuer comme cela.
Mais arrive cette foutue année de 4ème. Changement de prof, et rencontre de Monsieur C, qui va représenter tout ce que je vais pouvoir détester chez un prof. Autoritaire, sadique, sans aucune autre pédagogie que celle de la peur. Je me retrouve face un Hitler des maths. Et la comparaison devient d’autant plus facile qu’il nous invective souvent en allemand : “Dupont au tableau ! Schnell !” “Arbeit macht frei !” et autres amabilités qu’il pouvait nous distiller en léchant ses doigts pleins de craie.
Un jour il m’envoya au tableau corriger un exercice malgré un bras dans le plâtre. Je protestais en précisant que ma main immobilisée était celle avec laquelle j’écrivais. Il rit alors et m’humilia en m’imposant d’écrire avec l’autre main. Évidemment le résultat ne fut pas terrible et il ne manqua pas de me le faire savoir, devant toute la classe.
Cette année fut pour moi un réel traumatisme, et marque une rupture radicale avec les maths. En 3ème, l’année suivante je retrouvais Madame G. qui ne comprit pas une telle dégringolade dans mes résultats et mon implication. Les maths et moi, c’était fini, plus jamais je n’y arriverais. Et sans le savoir je venais de tirer un trait sur mon rêve de gosse : devenir pilote de chasse. »
Max
La confiance qu’un élève se portera passe d’abord par la confiance que ses enseignants lui attribueront. Avoir confiance en soi, c’est d’abord lire chez l’autre la confiance qu’il met en moi. Contrairement aux discours actuels où la confiance en soi est vécue comme un capital dont on serait le seul maitre ! Porter par un discours confiant en enthousiasmant sur ses potentiels, un élève pourrait se surprendre à gravir certaines montagnes qui lui paraissaient jusque-là inaccessibles.
Cécile Viénot.