Offrir plus d’attention, plus de calme, plus de temps aux élèves de CP scolarisés dans des secteurs ZEP et/ou ZEP+, voilà une démarche louable et bienveillante. Mais comment faire pour la mettre en œuvre ? Comment faire quand les murs des écoles ne sont pas extensibles ? Et bien rien de plus facile ! Il suffit de s’arranger avec les mathématiques et de décider que 12*2=12.
Claire est enseignante en CP dans une ville de Seine-Saint-Denis. Sa classe bénéficie de cette mesure. Mais l’école où elle exerce ne peut pas offrir des espaces supplémentaires ; pas sans gros travaux, ni budget supplémentaire, ni temps pour les réaliser. Alors elle se retrouve obligée de partager l’espace de sa classe avec un autre enseignant, Benoit. Claire et Benoit prennent chacun en charge un groupe de douze élèves. Ils ont dû scinder l’espace de la classe en deux parties avec les moyens du bord.
Pour donner le sentiment que cette situation n’est pas grotesque, le gouvernement tente de l’intellectualiser en parlant de « cohabitation ». Après tout, en nommant les choses, cela donne l’impression de les avoir préalablement bien pensées. Mais 12*2=24, non ?
Les enseignants doivent redoubler de créativité, d’ingéniosité et d’organisation pour faire face à ces situations de cohabitation. Et les élèves dans tout ça ? Leurs offre-t-on vraiment la bienveillance et la considération annoncées avec cette mesure ?
Cécile Viénot